EXPO LES PETITS FORMATS à Meung sur Loire et Lettre d’ Alain Le Gallo.
Dans sa dernière exposition à Meung-sur-Loire, aux Petits Formats des Artistes Orléanais, Jacques Dumery a décidé de prendre au pied de la lettre le cahier des charges, et de jouer à plein la carte de la forme restreinte. Mais comment éviter que cette contrainte n’étouffe la création, et n’enferme la liberté de l’artiste dans les bornes étroites d’une physique de la petitesse, d’une esthétique de l’économie ? Les autres exposants choisissent diverses voies : lui suit celle du jeu dans la mécanique, cet espace de liberté, si mince soit-il, qu’on ménage à la nécessité implacable de la restriction, et qui permet à la création de se déployer, de se donner du champ, de s’élargir, comme on dit qu’on élargit un prisonnier.
Les shinos qu’il nous propose ici invitent en effet à un littéral déploiement des volumes empilés et imbriqués dont il les structure : leurs glaçures si singulières, elles-mêmes le résultat d’un travail de stratification et d’intrication, donnent à ces formes complexes des reflets précieux de mini-trésors, on aimerait en déplier les mystères raffinés comme autant de ces origamis à géométrie variable dont parle Proust, « petits papiers japonais qui, touchés par la grâce de l’eau, se déploient en corolle pour faire place à tout un univers ». Telle pièce même, dans l’agencement de ses lignes, ébauche la courbe sur laquelle on pourrait disposer ce dépliage délicat : il n’est que de prolonger l’élégante spirale qui s’y dessine.
Petites formes, certes : mais c’est surtout du grand art.
Alain Le Gallo, adjoint à la culture
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